Hypothèse 50 : Client mystère
Un nouveau statut pour accroître la confiance et sauver l'emploi.
"Le statut de Client Mystère sera fortement encadré pour éviter les abus", a annoncé le Ministre de l'Economie ce matin, "le secret n'a pas sa place dans les affaires, qui doivent être ouvertes et transparentes pour que tout le monde y trouve son compte."
Cette déclaration se tenait à l'heure même où s'ouvrait le procès de la société Sanitaires Modernes (SM) contre J.H., Directeur du Cabinet d'Architecture Dupont EURL (CAD). Rappelons que la première avait porté plainte contre le second pour diffamation, et subsidiairement pour abus de bien social. Dans les faits, le CAD avait refusé de recommender les produits de la SM après en avoir acheté pour lui-même à titre privé, et s'être déclaré non satisfait. L'argument de la SM est que si le client privé J.H. a tout à fait le droit de ne pas être satisfait d'un produit ou service et que le CAD a le droit de choisir ses fournisseurs, ce dernier doit le faire sur avis motivé et ne pas se fonder sur des rumeurs non fondées. Or dans cette affaire le CAD s'était juste fondé sur l'avis subjectif du client privé J.D., sans que celui-ci ne lui fournisse une étude comparative suffisante. La SM considère donc que J.D. a diffamé sa société auprès du CAD, avec des conséquences majeures puisque cette diffamation lui a fait perdre un contrat supérieur à 3 millions d'euros. Subsidiairement, la SM demande que si sa première demande n'est pas retenue par le tribunal, alors J.D. soit condamné pour abus de bien social. En effet, J.D. avait déjà fait savoir qu'il considérait en tant que personne physique ne pas avoir à construire un dossier pour se communiquer à lui-même des informations. Or, selon la SM, cette approche obligerait à considérer que J.D. en tant que personne privée et J.D. en tant que dirigeant d'entreprise ne font qu'un, ce qui constituerait une confusion des rôles, marque d'un abus de bien social caractérisé. La SM demande 3 millions d'euros de dommages et intérêts.
PLus généralement, c'est la question des "clients mystères" qui est remise en avant par ce procès. De nombreuses entreprises demandent leur interdiction, ou pour le moins l'encadrement de leurs actions, et elles ont obtenu l'oreille du Ministre. Aussi, un prochain projet de loi devrait obliger les Clients Mystères à annoncer leur qualité dès l'entrée dans le lieu de vente, et pas après comme cela se pratique maintenant, et devrait les rendre indéfiniment responsables sur les avis négatifs qu'ils pourraient émettre.
"C'est la confiance dans nos entreprises qui est en jeu, et donc nos emplois !" a martelé le Ministre.
©Philippe Gouillou - Mardi 22 décembre 2020