Hypothèse 96 : Revenu Universel
Des experts considèrent que les règles de calcul du revenu universel (UBI) annoncées aujourd'hui par le gouvernement ne répondent pas à l'exigence de justice sociale exprimée par la population.

Ce matin, à 10 heures, le Ministre a présenté à l'Assemblée le mode de calcul du revenu universel, mode qu'il a décrit comme "un système de justice sociale moderne et adapté". Il n'a pas réussi à convaincre.
Il a annoncé que le Revenu Universel serait calculé en points dont la valeur serait décidée chaque année par le Gouvernement. Le nombre de points de chacun dépendrait d'abord de l'âge et augmenterait de 25 à chaque anniversaire, passant de 500 à la naissance à 1 500 à 40 ans, maximum qui baisserait ensuite de 10 par an. A ces points de base s'ajouterait une prime, elle aussi en points, calculée selon la situation de la personne, dont le mode de calcul serait voté chaque année dans le budget. Pour réduire les inégalités, cette prime supplémentaire serait plafonnée à 2 fois les points de base, ce qui correspond un total maximum de 4 500 points.
Si le principe d'un calcul sur l'âge est apparu simple, des expertes féministes ont tout de suite dénoncé un système sexiste qui entretient le patriarcat. Elles ont remarqué qu'une femme perdrait de sa valeur monétaire dès 40 ans, ce qui serait une incitation supplémentaire poussant les hommes à divorcer et en épouser une plus jeune, laissant les femmes mûres dans la précarité. "Les femmes ne sont pas jetables" ont-elles scandé pour critiquer cet âgisme.
Mais c'est surtout au niveau des primes complémentaires que les critiques ont été les plus vives pour dénoncer "un système profondément injuste", même si le Ministre a répondu qu'elles ne sont pas encore figées et qu'il est ouvert aux discussions.
Pour l'instant, troix primes sont proposées au Parlement.
La première est calculée à partir de la moyenne de la déclaration fiscale des trois années précédentes. La Gauche a tout de suite dénoncé le figeage à perpétuité des inégalités sociales, qui resteraient inchangées de génération en génération : "Un tel calcul signifie que la richesse de nos enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, et même de leurs descendants, dépendra entièrement de notre richesse au présent" a expliqué le Secrétaire Général du Parti Socialiste. Mais le Ministre lui a rétorqué que la Gauche ne peut pas se plaindre à la fois que les riches "ne paient pas d'impôt" et qu'ils aient une déclaration fiscale élevée leur donnant plus de droits.
La seconde se base sur le niveau d'études supérieures : chaque année après le baccalauréat rapporterait une prime de 50 points, multipliée par un coefficient dépendant de la valeur du diplôme, un Polytechnicien gagnant plus qu'un diplômé d'une Université de province. Le Ministre a précisé que les montants restent à négocier, son but étant d'encourager les jeunes à poursuivre des études même si celles-ci ne se peuvent plus mener à un métier : "Les études forment la jeunesse et sont un soutien de la Démocratie" a-t-il affirmé avec force.
Enfin, et toujours dans le but d'encourager l'engagement démocratique, une troisième prime serait octroyée aux élus en fonction du nombre de voix obtenues aux dernières élections. Là encore la Gauche en a contesté le principe. Le Secrétaire Général du Parti Socialiste l'a dénoncé comme un soutien à l'Extrême-Droite qui fait beaucoup plus de voix que la Gauche, et notamment que son Parti, et il a exigé la prise en compte de l'engagement des Partis de Gauche pour un monde plus juste.
De nombreuses questions ont été posées par les parlementaires, mais le Ministre n'a pu que leur répondre que les sujets étaient toujours en discussion. Ont ainsi été abordées la possibilité d'ajout discrétionnaire de points pour récompenser ceux ayant montré leur engagement pour un monde plus juste, et à l'opposé de la possibilité pour les juges de réduire le nombre de points dans les cas les plus graves d'atteinte au vivrensemble.
Cette session a cependant aussi été marquée par des incidents, et notamment lorsque l'Extrême-Droite a demandé que les Migrants n'aient pas droit à un revenu universel dès le jour de leur entrée sur le territoire, ce qui a été unanimement dénoncé comme du racisme digne des heures les plus sombres de notre histoire.
A l'extérieur, les représentants des syndicats se sont généralement déclarés dans l'expectative, comme le Président de l'Union des Travailleurs, communiste, qui a répondu attendre les ordres avant de commenter. Mais la Présidente de l'Union des Journalistes a d'ores et déjà crié à la "trahison" : "Nous avons toujours soutenu le Président, sans nous il n'aurait jamais été élu, or la déduction fiscale dont bénéficiaient les journalistes, justement mise en place pour compenser leurs faibles revenus eu égard à leur importance sociale, leur revient dans les dents pour les enfermer à vie dans la pauvreté".
Quoiqu'en dise le Ministre, le mode de calcul retenu ne correspond donc pas au besoin universel de justice sociale, au contraire.
©Philippe Gouillou - Dimanche 2 novembre 2025



