Femmes de 50 ans
Yann Moix a-t-il le droit de préférer une femme de moins de 50 ans pour avoir des enfants ?
Le chroniqueur TV Yann Moix a déclaré dans Marie-Claire1 qu'il n'était pas attiré sexuellement par les femmes de 50 ans. Les réactions des femmes de tous âges ont été exactement du niveau attendu : de la défense que certaines d'entre elles sont encore "belles après 50 ans", voire qu'elles-mêmes se considèrent encore comme telles, éventuellement en montrant leurs fesses, à la tentative de rétablir un équilibre en affirmant qu'elles non plus ne voulaient pas de son "micro kiki"
C'est sûr, "Yann Moix est un triste sire". Il "ne comprend pas l’unicité de nos corps de femmes de 16, 25, 50 ou + traversés par des ondes de choc et de plaisir" comme le rappelle Marie-Pierre Rixain, Députée LREM (Macroniste) de l’Essonne et Présidente de la "délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes".
Qu'un homme, surtout quand il est connu, puisse affirmer la moindre préférence sur des choix concernant sa vie privée est bien une agression sexiste généralisée contre toutes les femmes que l'opprobre publique et la loi doivent condamner (l'agression, pas les femmes). Mais voilà : Yann Moix parle de volonté de paternité et de rapport sexuel, pas de "beauté" au sens large. Or il y a une caractéristique commune à quasiment toutes les femmes de 50 ans et plus : elles ne sont plus fertiles.
Ménopause
La deadline de la ménopause fait que la valeur des femmes sur le marché de l'accouplement (rappel : on ne peut pas parler de "valeur" sans marché) est très liée à leur valeur reproductive qui est en chute très rapide :
De fait, même la beauté pendant la jeunesse est liée à la distance de la ménopause :
"Nous montrons que l'âge prévu à la ménopause est lié à l'attractivité du visage de jeunes femmes. Comme l'âge à la ménopause est héritable, nous avons utilisé celui de la mère à la ménopause comme un proxy de l'âge prévu à la ménopause de sa fille. Nous avons trouvé que les hommes ont jugé plus attractifs les visages de femmes avec un âge prévu de ménopause plus tardif que ceux des femmes avec un âge prévu de ménopause plus proche."
Bovet et al., 2017
La ménopause, c’est-à-dire la survie des femelles après leur période de fertilité, est une caractéristique extrêmement rare dans le monde animal : on ne l'a démontrée que chez les humains, les bélugas, les narvals, les orques et les dauphins-pilotes. Elle n'est pas totalement expliquée, mais l'hypothèse privilégiée est que l'avantage apporté par une femme qui n'est pas en compétition (de fitness) avec ses filles mais qui cherchera au contraire à aider ses petits-enfants a été sélectionnée. Ainsi, Aimé, André & Raymond (2017) ont trouvé par simulation que quand les capacités cognitives sont suffisantes, la période post-fécondité des femmes permet une redistribution des ressources qui a un effet positif sur le fitness des enfants et petits-enfants. En fait, sans cet avantage transmis, il est probable que les femmes mourraient beaucoup plus jeunes, justement à l'âge de la ménopause (voir Kim et al, 2012).
Qu'un homme qui n'a pas encore d'enfants et en veut dise n'être attiré que par les femmes en âge de fertilité n'a donc rien de surprenant : il a biologiquement raison. Reste juste à voir comment les Députées comme Marie-Pierre Rixain parviendront à interdire toute préférence aux hommes afin de les empêcher de choisir une autre qu'elles : les tweets, même virulents, ne suffiront pas.
Complément
Voir aussi : Femmes de 25 ans (12 mars 2019)
Sources
Aimé, C., André, J.-B., & Raymond, M. (2017). Grandmothering and cognitive resources are required for the emergence of menopause and extensive post-reproductive lifespan. PLOS Computational Biology, 13(7), e1005631. doi:10.1371/journal.pcbi.1005631
Bovet, J., Barkat-Defradas, M., Durand, V., Faurie, C., & Raymond, M. (2017). Women’s attractiveness is linked to expected age at menopause. Journal of Evolutionary Biology, 12(10), 3218–3221. doi:10.1111/jeb.13214
Kim, P. S., Coxworth, J. E., & Hawkes, K. (2012). Increased longevity evolves from grandmothering. Proceedings. Biological Sciences / The Royal Society, 279(1749), 4880–4. doi:10.1098/rspb.2012.1751
Notes
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©Philippe Gouillou - Mardi 8 janvier 2019