Comment sauver le socialisme ? Une solution juste et durable
L'argent que vous gagnez est taxé, l'argent que vous dépensez est taxé, l'argent que vous ne dépensez pas est taxé, mais quid de l'argent que vous n'avez pas ? Il est urgent d'agir : le socialisme ne survivra pas sans une lutte efficace contre cette évasion fiscale majeure.
Comme l'avait remarqué Margaret Thatcher, le socialisme ne peut tenir que jusqu'à l'épuisement de l'argent des autres. Cela signifie que la survie de cette grande idée dépend entièrement d'une politique fiscale efficace, or il reste une source de recettes majeure qui n'a pas encore été exploitée comme il se doit. Il est urgent d'agir.
La grève
Un Etat a deux leviers pour augmenter ses recettes : augmenter les taux de taxes et d'impôts ou élargir l'assiette des prélèvements.
Le problème est que ces deux leviers ne sont pas indéfiniment activables : au-delà d'une certaine proportion de prélèvements, la population taxée a tendance à réduire ses investissements, à refuser d'embaucher, de dépenser, de créer, etc., et au final les recettes fiscales diminuent. C'est ce qu'on appelle "la Courbe de Laffer" résumée généralement par : "Trop d'impôt tue l'impôt".
Cette "grève" individuelle qui ne dit pas son nom doit être perçue comme une forme d'évasion fiscale, probablement la plus coûteuse de toutes, et elle doit être condamnée. Pourtant, aucun gouvernement encore n'a réussi à la contrer, voire à s'y attaquer.
C'est qu'en effet il n'y a pas que les entrepreneurs et les professions libérales qui sont coupables : les salariés aussi qui refusent de s'investir dans leur travail, les consommateurs qui limitent leurs achats de produits surtaxés, etc., etc. Une véritable politique de lutte se doit de tous les condamner.
Certes, devant l'urgence, quelques tentatives timides commencent à apparaître. Ainsi, Le Parisien nous apprend que "des villes comme Alençon, Calais ou la Roche-sur-Yon ont mis en place une taxe sur les friches commerciales". Mais il ne s'agit là que de lutter contre le refus de location à bas prix, aucune extension n'est prévue contre les autres formes de refus d'investissement : on est encore loin de la solution globale qui s'impose.
Un impôt négatif
Cette solution globale existe, elle demande juste un peu de volonté pour pouvoir être mise en place.
Son idée est simple : puisque l'augmentation des prélèvements a un effet négatif, il suffit d'agir dans l'autre sens, dans celui des versements à la population. Cela permettra d'encourager les initiatives individuelles, seules à même de permettre le développement économique.
Pour ce faire, l'Etat n'a qu'à prélever l'ensemble des revenus (imposition à 100%) et à verser à chacun un salaire mensuel calculé sur sa bonne volonté à faire de lui-même ce dont le pays a besoin. Un système de points pourra être mis en place : l'appartenance au Parti, l'engagement dans la lutte pour un monde meilleur, pour le vivre ensemble et contre les discriminations, etc., toutes ces actions socialement utiles permettront d'engranger des bons points qui se traduiront directement en salaire. Bien sûr : tout investissement désintéressé dans le développement économique permettra aussi d'augmenter ses points, tandis que toute forme de "grève" individuelle allant à l'opposé du bien commun sera immédiatement et directement punie par une réduction des revenus.
Ce renversement de l'approche offre tous les avantages voulus :
Il renforce l'image de l'Etat en le faisant percevoir comme celui qui donne, pas celui qui prend.
Il permet d'agir directement contre les personnes socialement déviantes afin d'assurer une société épanouie.
Il supprime les questions sur le taux maximum d'imposition avant rendement décroissant.
Il permet de mettre en place des actions d'encouragement efficaces rapidement pour toutes les politiques voulues.
De plus, cette approche permettra de pénaliser directement ceux qui pourraient investir économiquement et ne le font pas : cette solution permet de taxer complètement la "grève" individuelle.
Comment le mettre en place ?
Techniquement, la mise en place est facile : il suffit d'interdire les échanges monétaires hors circuit bancaire national, étape déjà bien avancée, et une fois tout l'argent sur les comptes bancaires reconnus, de le virer sur les comptes de l'Etat qui pourra en redistribuer la part voulue.
La question difficile est celle du montant de base à allouer à chacun. Comme toujours le principe est simple, mais l'application délicate :
A combien faut-il valoriser un engagement pluriannuel dans le vivrensemble ?
A combien valoriser l'engagement politique pour un monde plus juste ?
De combien faut-il baisser les revenus d'un entrepreneur potentiel qui n'a pas encore créé de nouvelle entreprise ?
...
Toutes ces questions devront être étudiées sereinement, et des réglages seront certainement nécessaires aux débuts de la mise en application.
Mais ces questions ne doivent pas retarder la mise en place de cette solution : la survie du socialisme en dépend.
Liens
La Grève : Atlas Shrugged. Ayn Rand (1957), trad: Sophie Bastide-Foltz (2011). ISBN:978-2251444178. 1170 p.
De plus en plus de commerces inoccupés dans les centres-villes français. Le Parisien. 26 Juin 2015
La société sans cash comme étape vers l’économie totalitaire. Simone Wapler. Contrepoints. 3 juillet 2015
©Philippe Gouillou - Vendredi 3 juillet 2015