La soupape Monaco
Nice : un Socialiste veut aider les Français à travailler à l'étranger plutôt que de développer l'emploi dans son pays, ce qui est logique.
Nice Matin annonce ce jour1 que le premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste des Alpes-Maritimes, Xavier Garcia, propose un VAL entre un parking relais à La Turbie et Fontvieille (2,5 km), pour un coût de 250 millions d'euros :
"Le Val, explique-t-il, offrirait toutes les garanties de fiabilité, de rapidité, de souplesse et de coût de fonctionnement. Entièrement automatisé, ce type de métro léger sans conducteur peut transporter jusqu’à 30.000 personnes par heure, à une fréquence inférieure à la minute, avec une fiabilité à faire rêver tous les naufragés du TER Nice - Vintimille : Elle est en effet proche de 100 %."
Cette idée n'est pas nouvelle (le problème est réel et est étudié) et, comme les nombreuses autres, présente des avantages et des inconvénients (exemple : où garer les véhicules ayant amené ces 30 000 personnes à La Turbie ?).
Mais ce n'est pas l'intérêt technique de la solution qui compte : c'est le fait même qu'il la propose.
La Principauté de Monaco emploie plus de 40 000 Français, et chaque jour de nombreuses offres d'emploi font augmenter ce nombre. De fait, non seulement Monaco est le plus gros bassin d'emploi de la région, mais ce sont les investissements monégasques qui font le succès de l'autre bassin d'emploi (Sophia Antipolis). En d'autres termes : sans Monaco, la région irait beaucoup plus mal et n'aurait probablement plus que le tourisme pour essayer de survivre.
La raison est connue : quand la France a choisi un modèle social socialiste avec beaucoup d'impôts et une très forte intervention étatique, la Principauté a mis en place un modèle social libéral où il n'y a pas d'impôt sur la personne et où l'Etat intervient le moins possible dans la vie économique. Conséquence directe : Monaco est un pays riche quand la Côte d'Azur est une économie de type tiers-monde, c’est-à-dire où les riches étrangers font monter le coût de la vie hors de portée des habitants (notamment en immobilier).
Ce responsable départemental socialiste connaît cette situation et il en connait très probablement les causes. Mais, au lieu de s'attaquer à celles-ci, en aidant au développement économique de son département, il ne cherche à résoudre qu'une de ses conséquences, les difficultés d'accès à Monaco.
L'explication est à chercher du côté même de la différence de richesse entre le modèle socialiste et le modèle libéral. Les "Pendulaires" (étrangers travaillant à Monaco) non seulement ne sont pas au chômage en France, mais en plus y rapportent beaucoup d'argent. Si vu de Paris Monaco n'est qu'une "Principauté d'opérette" et un "paradis fiscal", dans la région tout le monde sait que sa réussite est vitale pour des dizaines de milliers de familles.
La Principauté, avec son modèle libéral, est une soupape de sécurité pour la région, elle permet que la pression du chômage ne monte pas trop, qu'il n'y ait pas d'explosion sociale. En d'autres termes : en n'étant pas socialiste elle aide le pays socialiste à perdurer. Il est donc logique qu'un cadre du Parti Socialiste veuille l'aider.
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Pour faciliter l'accès à Monaco, il propose la création d'un Val, un métro sur pneus. Th. P. Nice Matin. Mis à jour le 06/02/2019 à 09:20 Publié le 06/02/2019 à 09:19 ↩
©Philippe Gouillou - Mercredi 6 février 2019