Ce samedi matin à 11H40 local, je me suis fait flasher au tunnel de Las Planas, sur l'A8 en direction de l'Italie, à Nice. Bien sûr, ce n'est pas moi le fautif (depuis mon retour de Tunisie je roule doucement, et puis de toute façon je connais trop ce radar pour m'y faire avoir), mais une Suzuki Salto rouge qui me doublait à cet endroit précis.
J'ai lu que dans un cas comme celui-ci, l'affaire est classée sans suite, et que je ne devrais donc normalement pas avoir de problème. Mais ça ne me rassure pas : la voiture qui m'a doublé était immatriculée en Italie. Comment fait-on pour envoyer une amende pour excès de vitesse à un Italien ? Et bien on ne peut pas : si on ne l'arrête pas avant la frontière, c'est foutu.
Il y a surtout un deuxième problème.
Ces dernières semaines, j'ai remarqué que je passais devant un radar au moins un jour sur deux : celui de Las Planas, bien sûr, mais aussi celui de la patrouille mobile de la Gendarmerie de Menton sur l'A8 quand j'arrive d'Italie (un grand classique : moins de 2 km après la frontière), et souvent aussi sur Monaco. Jamais je ne dépassais la vitesse autorisée, et jamais, jusqu'aujourd'hui, je n'avais été flashé. Bref, en ce qui me concerne, tous ces contrôles n'ont été que pertes de temps et dépenses inutiles pour les forces de l'ordre.
Or, ce n'est pas pour rien que les forces de l'ordre concentrent leurs efforts sur les limitations de vitesse et pas sur les mafias et autres grands et petits banditismes. Ce n'est pas pour rien que la "violence routière" est devenue La "violence" la plus illégitime, la plus conspuée médiatiquement, surpassant largement les agressions, vols à l'arrachée, vols à la portière, etc. qui se multiplient sur la Côte [1]. Le gouvernement français a besoin de toujours plus d'argent et les impôts ne le lui permettent plus (courbe de Laffer), peut-on imaginer meilleure solution que les amendes ? En acceptant de se faire taxer pour des délits toujours plus arbitraires, les citoyens honnêtes participent aux besoins financiers du gouvernement, ils sont so-li-dai-res !
Dans ce cadre, mon respect des limitations de vitesse ne me rend-t-il pas coupable de refuser cette nouvelle solidarité ?
Revenons à mon flash : que va-t-il se passer ? Le fonctionnaire assermenté chargé de l'analyse de la pellicule verra deux voitures l'une à coté de l'autre, celle de la voie de gauche immatriculée en Italie, à l'étranger, inaccessible, et l'autre en France dans le département (06 Alpes-Maritimes). Va-t-il classer l'affaire, ou essayer de remplir ses objectifs de solidarité nationale ?
J'ai donc noté l'immatriculation de la voiture qui m'a doublé et réfléchis déjà à comment m'en sortir, ce qui me semble perdu d'avance. Il me faudra d'abord payer 68 ou 135 euros, et puis, "Si le juge reconnaît le bien fondé de [ma] requête et décide un classement, [je pourrai] récupérer cette somme", je ne sais pas quand, ni où, ni comment, ni combien ça me coûtera.
En alternative, je pourrai aussi ne pas contester, en payant rapidement la somme minorée : 45 ou 90 euros. Ce serait "avouer" un délit que je n'ai pas commis, mais ce geste m'inscrirait dans ce grand mouvement de solidarité forcée qui est la marque des collectivismes : fondamentalement, je serais moins coupable.
NOTES :
- Sauf bien sûr à Monaco, ayez toujours vos portières fermées dans la région !
©Philippe Gouillou