Si A = B et B = C, peut-on en déduire que A = C ?

Et bien malgré tout ce que j'avais appris à l'école de la République, il semble bien que non. Du moins c'est ce que montre Yamina Jalili dans un article Digipresse trouvé sur Yahoo! : "Affaire Dieudonné : les méthodes limites des censeurs" (vendredi 14 mai 2004, 19h15).

 
L'article s'attache à critiquer les méthodes utilisées par certains groupes de pression à partir de la condamnation d'un membre d'un de ces groupes :

L'un des membres du Collectif citoyen antiraciste ayant demandé l'annulation du spectacle de Dieudonné a été condamné, le 4 mai dernier, pour avoir tenté de manipuler la justice. Une affaire qui montre les limites des méthodes utilisées par différents groupes de pression.

Jusqu'ici, je suis tout à fait d'accord, mais c'est après que ça se gâte :

Le procédé utilisé par le collectif citoyen antiraciste ressemble curieusement à ceux récemment utilisés par le groupuscule d'extrême-droite, Bloc identitaire.

"Curieusement", ça montre bien qu'il y a une forte probabilité de lien entre l'extrême droite et ce Collectif, on sent que l'intime conviction de l'auteur est faite : l'égalité des méthodes suffit. Pourtant, à la fin de ce même paragraphe elle écrit :

Comble d'ironie, le Bloc identitaire s'était contenté d'appliquer les méthodes de l'association Ras l'Front.

Voilà donc une deuxième égalité : nous avons donc trois mouvements qui emploient exactement les mêmes méthodes, qui d'après cet article ont été inventées par Ras l'Front, le premier dans l'ordre chronologique. Peut-on donc en déduire que le Collectif et Ras l'Front c'est pareil ? Non, pas du tout, il ne s'agit pas là d'un lien "curieux", incitant à la réflexion, mais d'une "ironie" !

Grâce à ces simples petits mots bien rajoutés, "curieusement" et "comble d'ironie", nous n'avons plus la transitivité de l'égalité. Il faut bien sûr critiquer les méthodes employées, mais pour Ras l'Front, ce n'était pas pareil, c'était totalement différent, il ne faut pas confondre.

Qui a dit "Tout est pur pour les purs, tout est impur pour les impurs" ?

©Philippe Gouillou