Selon l'AFP (mardi 18 mai 2004, 12h24 : "Le CSA pour une obligation légale de diversité culturelle dans l'audiovisuel"), la prise en compte de l'origine "ethnique" sera bientôt inscrite dans le cahier des charges des chaînes télévisées publiques, afin de "mieux rendre compte dans leur programmation de la diversité des origines et des cultures de la société française contemporaine" (avis du CSA, cité par l'AFP).
On remarquera que c'est donc bien l'approche par "communauté" qui sera privilégiée : le fondement même de la nation, ce qui l'a rendu célèbre de par le monde, c'est-à-dire la création d'un pays à partir d'une idée plutôt qu'à partir d'une origine ethnique commune est totalement balayé.
Dans VDare du 25 janvier dernier ("Four Failed Immigration Approaches And A Disturbing Thought About Those Happy Hispanic Workers"), Steve Sailer comptait l'approche traditionnelle française de l'immigration comme une des quatre qui ont échoué : #1: "Multiculturalism" (Europe du Nord), #2: "Quarantine" (Isolement : Allemagne), #3: "Move Em On!" (Italie) et #4: "La mission civilisatrice" (France). Bien sûr, Steve Sailer, de Los Angeles, ne cite comme exemple que des pays européens (que j'ai indiqués entre paranthèses), et ne détaille pas le fiasco de l'approche communautaire aux US (avant même l'imposition du multiculturalisme). Par contre, il détaille bien un point particulièrement intéressant : cette approche française (qui prévalait jusqu'à maintenant), correspond tout à fait à la vision qu'ont les néo-conservateurs au pouvoir actuellement à Washington. Ne serait-ce que par anti-américanisme, il est donc logique que la France remette en cause ce qui l'a construite, pour s'orienter vers la distinction par ethnie.
Le plus surprenant n'est en effet pas cette orientation vers la discrimination raciale : elle était en gestation depuis longtemps (voir "PC et Discrimination 'Positive'" de janvier 2001 sur Evoweb), elle semble être un des fondements du marketing politique actuel (voir "Proctérisme politique", toujours sur Evoweb), et la presse utilise depuis lontemps l'origine ethnique comme critère primordial de jugement moral (Balagan, Le Monde Watch, etc.). Même la télé pratiquait déjà cette discrimination dans ses reportages, ses documentaires et ses fictions. Pourquoi alors l'inscrire dans le cahier des charges ? N'était-ce pas suffisant ?
Sans doute que non : les Français sont souvent chauvins, voire régionalistes, mais ils ne sont encore que très peu racistes. De plus, à l'heure d'Internet, l'origine ethnique d'une personne n'a strictement aucune importance : ce sont les capacités individuelles qui comptent (personne ne va demander à un correspondant e-mail son origine ethnique pour décider de son comportement!). Dès lors, il semble logique que les collectivistes cherchent à imposer des différences collectives : c'est leur fond de commerce.
UPDATE 10 juin : Voir aussi l'analyse de Jose Maechor Gonzales sur Revue Politique : "République : la fin est maintenant proche" - mercredi 9 juin 2004
©Philippe Gouillou