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Vers un monde plus solidaire

28 Avr 05

Vers un monde plus solidaire

Permalink 15:48:28, Catégories: France, Bêtisier, 772 mots
https://evoweb.net/blog/Vers-un-monde-plus-solidaire.html

Citoyen durable rappelle dans son post du 25 avril ("Objectif zéro") que la définition de la pauvreté étant statistique, il est impossible de l'éradiquer sans dirigisme absolu (contrôle des revenus de toute la population).

Par définition, est pauvre celui qui a des revenus inférieurs à la moitié de la médiane. En termes plus clairs, est pauvre celui qui gagne moins que ce que gagnent la moitié de ses compatriotes : si la moitié de la population gagne 50 ou plus, alors est pauvre celui qui gagne moins que 25. Conséquence directe : pour éradiquer la pauvreté, il suffit que personne ne gagne en dessous de 25. Citoyen durable remarque :

 

"À y réfléchir, le seul moyen de n'avoir à coup sûr personne au-dessous du seuil de pauvreté est de décréter et de faire respecter par une coercition sans failles une grille nationale des revenus et des patrimoines, telle que minimum et maximum donnent un seuil de pauvreté inférieur au minimum. Et encore, dès qu'il y a différences de revenus, même limitées, il y a toujours la possibilité de créer quantités de pauvres en adoptant une définition idoine du seuil de pauvreté. L'idéal serait que soit réalisée la parfaite égalité des revenus entre les citoyens : tout le monde vit exactement sur le seuil de pauvreté (égal au revenu unique) et personne n'est situé au-dessous."

http://citoyendurable.blogspot.com/2005/04/objectif-zro.html
Il est vrai que l'égalité absolue est le moyen le plus sûr d'atteindre un objectif de zéro pauvre. Mais il y a aussi une solution beaucoup plus simple : apauvrir la classe moyenne (pour faire glisser vers le bas la médiane) et financer les très pauvres restants (pour qu'ils aient au minimum la moitié de cette nouvelle médiane). En voici un exemple chiffré.

Imaginons qu'une population de 250 individus ait des revenus répartis comme suit :

Mediane = 50

On remarque que la population est répartie symétriquement autour de la moyenne de 50, qui est donc aussi la médiane. Le seuil de pauvreté (50/2) est de 25, ... et nous avons 30 pauvres, soit 12% de la population. Il faut faire quelque chose.

On peut bien sûr imaginer augmenter le revenu de ces 30 pauvres pour qu'ils atteignent un minimum de 30, ou alors les supprimer de la population, physiquement ou statistiquement. Ce sont là des solutions évidentes, mais pas si faciles à mettre en oeuvre : augmenter les revenus de 12% de sa population demande des ressources, et si on savait comment faire, nul doute que les gouvernements successifs y auraient réussi. De même, supprimer 12% de sa population, même virtuellement (statistiquement) est quelque chose qui se remarque trop. Il faut donc trouver un moyen de baisser la médiane.

Cela est possible en ne s'attaquant qu'aux classes moyennes supérieures, celles qui gagnent juste au-dessus de la médiane : en les apauvrissant suffisamment pour que la médiane descende à 20 (au lieu de 25), il devient facile de rehausser les revenus des plus pauvres. Un exemple en est donné dans ce graphique qui, à partir de la même population, descend le seuil de pauvreté à 20 et éradique toute pauvreté :

Mediane = 40

Dans cette hypothèse, de nombreuses personnes des classes moyennes ont vu leurs revenus baisser, et les 4% les plus pauvres ont été subventionnés.
Une telle solution présente de nombreux avantages :
  • Trois fois moins de personnes à soutenir pour qu'elles dépassent le seuil de pauvreté : au lieu d'un apport financier de 250, il suffit de 40

  • Il est facile d'apauvrir les classes moyennes : il suffit d'augmenter leurs impôts

  • Les classes supérieures ne sont pas du tout impactées

  • L'opération est bénéficiaire : le total des revenus entre le premier graphique et celui-ci baisse de 12.500 à 11.300. Ces sommes dégagées (9,6%) pourront servir à financer les frais administratifs de l'opération

Cet exemple est bien sûr théorique, mais il montre que l'éradication de la pauvreté est à notre portée : il suffit d'une volonté politique pour augmenter les impôts des classes moyennes, et offrir un Revenu Minimum aux plus défavorisés, une volonté politique de solidarité citoyenne.

Mais ne s'agit-il pas là exactement de ce que font les gouvernements successifs depuis des décennies ?

Raffarin ne semble donc promettre qu'une extension de ce qui existe déjà, et sa "nouvelle" politique ne fera qu'accélérer un mouvement existant : les Français seront de moins en moins riches, mais, statistiquement, il y aura de moins en moins de "pauvres". J'imagine qu'on peut appeller un tel résultat un grand succès de politique économique : une avancée vers un monde plus solidaire.

©Philippe Gouillou



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